Stadium view. GIUSEPPE SINIGAGLIA.


Stade : GIUSEPPE SINIGAGLIA. 
Lieu : CÔME. 
Pays : ITALIE. 
Club résident : COMO CALCIO 1907. 
Année : 80's.

« Je ne pensais pas que je verrais une chose aussi divinement belle. Le stade est merveilleux, la ville est merveilleuse. La ville de Côme, qui a réalisé ce travail, est désormais à l'avant-garde des villes italiennes grâce à la confection des édifices sportifs souhaités par le Duce et bâtis sous le régime fasciste. » Des paroles aux relents de chemises noires nauséabondes à mettre au crédit de Lando Ferretti, président du CONI (le comité olympique italien) de 1925 à 1928, lorsqu'il découvre, admiratif, en juillet 1927 le stadio comunale di Como, premier ouvrage public du régime fasciste.

L'homme, un pro-mussolinien de la première heure, ne mégote pas sur les superlatifs à l'endroit de son œuvre, confiée à l'architecte milanais Giovanni Greppi (1884-1960), surtout connu pour ses projets de cimetières militaires. Les travaux, commencés en octobre 1926 sur un terrain donné par le maire de l'époque, un certain Baragiola, sont achevés en un temps record afin d'accueillir les célébrations du centenaire de la mort d'Alessandro Volta (1745-1827), célèbre physicien connu pour l'invention de la pile électrique, et natif de la cité lombarde. Situé dans un cadre majestueux, sur les bords du lac, l'enceinte est baptisée stadio Giuseppe Sinigaglia, en l'honneur du jeune athlète (aviron) de la ville, soldat volontaire mort au combat en héros durant la Première Guerre Mondiale, le 10 août 1916, lors de la bataille du Monte San Michele. Inaugurée le 30 juillet 1927, en présence de la mère du défunt champion, invitée d'honneur, l'arène comasque fait la fierté de l'Italie, et demeure un exemple du réaménagement des terrains de sport dans la Botte, selon la vision « artistique » de Mussolini. Doté de deux pistes, une cendrée consacrée à l'athlétisme (450m) et l'autre en béton pour le cyclisme (500m), le stade de Côme présente aussi la particularité d'être équipé d'une courbe parabolique parmi les plus exigeantes d'Europe. Au total, l'édifice s'étale sur une surface de 7.200 m2 et affiche une capacité de 6.000 places.

En 1936, le stade Giuseppe Sinigaglia s'agrandît sous l'impulsion de l'Opera Nazionale Balilla (Oeuvre nationale Balilla), organisation créée sous le régime fasciste en 1926 d'après le modèle des Hitlerjugend en Allemagne. Confiée à l'architecte rationaliste Gianni Mantero, l'enceinte accueille une piscine et une salle de gymnastique. De nouveaux bureaux sont par ailleurs installés en lieu et place de la façade construite par Greppi. A la fin des années 40, au sortir de la guerre, les gradins sont surélevés afin d'augmenter sensiblement la capacité du stade. Au cours des décennies suivantes, on procède à quelques retouches notamment pour recevoir au mieux le final du Tour de Lombardie (de 1960 à 74) avant les grands changements des années 1990-2000. Les tribunes latérales passent d'abord au lifting. Puis les virages originels sont démolis pour laisser place à des tribunes tubulaires, lesquelles défigurent quelque peu la configuration initiale du stade mais permettent encore néanmoins une vue plongeante sur le lac. Celui-ci perd alors sa capacité maximale, passant de 18.000 à 13.600 places, et n'est plus un vélodrome puisqu'il a perdu ses pistes dans la bataille. Peu importe pour Deep Purple qui se produit à Sinigaglia en 2004 pour y mettre le feu au lac !

L'enceinte actuelle, demeure du Calcio Como 1907, qui ne ressemble plus vraiment à ce qu'elle fût, est sujette à polémiques. D'après une enquête poussée, le journaliste italien Angelo Saso met en évidence une possible connexion entre les cas de sclérose latérale amyothrophique de six anciens joueurs de Côme, dont certains sont décédés depuis (Albano Canazza, Adriano Lombardi et Stefano Borgonovo) et l'utilisation d'herbicides et des peintures pour l'entretien du gazon dans les années 1970-80. L'enquête pointe aussi la présence possible de déchets de combustion de charbon, de chrome, de nickel et de manganèse dans le sous-sol du stade, provenant des industries locales. Un détail plutôt encombrant pour un lieu si féerique.

STADIO GIUSEPPE SINIGAGLIA EN PHOTOS


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