BIO EXPRESS DEGRADABLE. Jules Bocandé (1958-2012).


Rasta Rockett is d(r)ead. Une mauvaise nouvelle qui tombe comme un cheveu dans la soupe pour les Sénégalais et tous les supporters messins, du président Carlo Molinari en particulier qui était allé chercher Jules Bocandé en Belgique où il évoluait du côté de Seraing. C'était à l'été 1984. La France est championne d'Europe et le FC Metz de connaître aussi son heure de gloire quelques semaines plus tard au niveau européen. Une équipe en mode mineur - souvenez-vous les Rohr, Hinschberger, Bernad, Etorre... Les Lorrains emmenés par l'attaquant rasta et Tony Kurbos étrillent le grand Barça au Camp Nou. 1-4. Un des beaux exploits à ce jour du football français en coupe européenne. Jules danse saga Africa, ce continent qu'il doit quitter très jeune à la suite d'une finale houleuse de coupe du Sénégal avec son club Casa Sport. Mécontent d'une décision de l'arbitre, Bocandé lui file un croche-pied et quitte le pays par la petite porte, à l'anglaise, avec l'aide d'un ami belge de la famille.


Au plat pays, le Sénégalais part de rien ou presque. Il tourne en rond en D.III à Tournai avant de taper dans l'œil des dirigeants du RFC Sérésien. Une aubaine pour Jules qui goûte à l'élite belge et démarre sa carrière au plus niveau. Des prestations de haute volée sur le pré, l'attaquant africain suscite les convoitises. Carlo Molinari fleure le bon coup et signe la perle noire sur le champs. Grâce à l'aide au soutien de « son papa » comme il appelle le président messin, Jules Bocandé éclate en Lorraine. Meilleur buteur du championnat 1985-86 avec 23 buts, le Sénégalais est happé par le chant des sirènes. Les formations huppées de la D.I s'arrachent le joueur qui rejoint finalement PSG, le champion en titre. Malheureusement, à Paris Jules Bocandé perd le sens du but, joue peu et se noie dans les nuits parisiennes. Un maigre bilan (6 buts) et une bonne gueule de bois au réveil. Au bout d'une saison dans la Capitale, le natif de Zinguinchor se retrouve à Nice (de 1987 à 91) sans faire d'éclats. Bocandé est pourri par une réputation de fêtard qui vire à la nausée quand il débarque à Lens. Une saison au fond du trou dans le bassin artésien, le Rasta quitte la France pour retourner en Belgique à Alost où il termine sa carrière au rythme du reggae. Tranquille. C'est l'heure de la reconversion. Jules donne en retour ce que son pays lui a offert pendant 14 ans (de 1979 à 93) en devenant sélectionneur du Sénégal. Après son éviction, il reste dans l'encadrement technique avant de se faire oublier un peu jusqu'à son accident cérébral. Usé et handicapé par son AVC, Jules appelle son « papa » lorrain pour lui organiser une opération de la dernière chance dans un hôpital de Metz. Ce 7 mai 2012, Bocandé s'endort à 53 ans sans plus jamais se réveiller. Pratiquement dans les bras de son père. Une « love story » au dénouement dramatique.

La fête à Metz...

... et la galère au PSG.

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