BIO EXPRESS DEGRADABLE. Shep Messing.


Diplômé en économie de la prestigieuse université Harvard en 1972, Shep Messing décide qu'il n'en fera rien. Il préfère laisser ça à ses camarades pour se diriger personnellement vers le football. Mais pas celui que pratique les Américains en général. Le natif du Bronx (New-York) choisit la version underground en optant pour le « soccer » comme on dit au pays de l'Oncle Sam. Pas vraiment le genre de voie royale pour un étudiant sortant d'une école de standing, qui s'exerce à différentes activités sportives dans sa jeunesse (baseball, basket, lutte). Mais son premier véritable amour est dirigé vers le saut à la perche. Pour le plaisir de jouir d'une sensation de liberté là-haut dans les airs, et assouvir sa passion pour la haute voltige. C'est sans doute la raison pour laquelle il choisit un poste adapté à ses aptitudes lorsqu'il se consacre au football. Shep Messing sera donc gardien de but. Dans les bois, il y a toujours moyen de voler au-dessus de la mêlée.

C'est donc avec New-York Cosmos qu'il signe son premier contrat en 1973, après avoir participé aux Jeux Panaméricains (1971) au sein de l'équipe nationale américaine ainsi qu'aux J.O de Munich (1972). Dans la ville olympique, Shep Messing qui est Juif assiste d'ailleurs à l'indicible : la prise d'otages du commando palestinien « Septembre noir » de 11 athlètes israéliens. Après cet épisode tragique, fini dans un bain de sang, Messing revient d'Allemagne bouleversé, nanti d'un sentiment décuplé de son identité juive. L'homme est en colère et le sportif atteint dans sa chair. Plus rien ne sera jamais pareil pour celui qui entame réellement sa carrière avec la franchise new-yorkaise le 20 mai 1974, lors d'un match amical contre l'équipe irlandaise des Finn Harps (1-1). Des débuts plutôt timides sur le pré puisqu'il se contente d'être la doublure du Polonais Bronisław « Jerry » Sularz. En dehors du terrain par contre, Shep Messing collectionne les titularisations au rayon frasques en tous genres. Ainsi, décide t-il en décembre de poser nu pour le magazine « Viva » pour la somme de 5.000 $. Une manière de mettre un peu de beurre dans les épinards pour celui bénéfice d'un salaire dérisoire à l'époque (2.300 $). Fous de rage, malgré la notoriété naissante de leur gardien remplaçant grâce aux ventes du magazine et le formidable coup de publicité offert à l'équipe new-yorkaise, les dirigeants du Cosmos virent Messing  au motif d'une violation de la clause morale accolée à son contrat. Sommé de quitter le club, ce dernier part la queue entre les jambes aux Boston Minutemen sans perdre une seconde.

In the air.

Shep Messing reste un an et demi dans le Massachussetts, où il côtoie la star portugaise Eusebio qui termine sa carrière avec un gros contrat en poche (1975), et gagne ses galons de numéro 1 à son poste sous la protection de son entraîneur Hubert Vogelsinger, un ancien joueur autrichien expatrié aux States depuis le début des années 60. Grâce à l'expérience de son coach, Shep Messing gomme peu à peu ses défauts sur le plan technique et gagne en confiance sur sa ligne. Moins intuitif et fougueux, le New-Yorkais devient un dernier rempart aux qualités affinées. Mais le mariage avec les Minutemen tourne court. En proie aux dettes qui menace la franchise de faillite, son propriétaire John Sterge est contraint de vendre ses meilleurs éléments. Shep Messing est ainsi cédé au Cosmos qui doit trouver un remplaçant à son gardien Bob Rigby blessé. De retour dans sa ville, le portier fantasque rejoint Pelé et côtoie tout le gratin du sport et du show-business, de Mohamed Ali à Grace Jones en passant par Mick Jagger. La présence du Brésilien à New-York fait du Cosmos une équipe de renommée internationale et terriblement glamour. C'est le club le plus cool et funky de la planète où les lignes de coke se mélangent aux boissons énergétiques (ou souvent alcoolisées). The place to be pour Shep Messing qui garde les bois en qualité de titulaire toute l'année 1977 avec, comme tour de guet, le « Kaiser » Franz Beckenbauer tout juste arrivé. A la fin de la saison, le New-York Cosmos remporte le championnat NASL et Shep se barre comme un voleur.

Shep et Mick

Approché par les Oakland Stompers (1978), il signe un contrat juteux à 100.000 $ par an, et devient au passage le joueur américain le mieux payé de la NASL. Mais son exil doré sur la côte californienne ne fait pas long feu. Par manque de fréquentation du public et les factures qui s'amoncellent sur le bureau du propriétaire, la franchise est vendue en fin d'année. Shep Messing pose ses valises chez les Rochester Lancers sur les bords du lac Ontario (1979). Sa dernière année au sein de la North American Soccer League puisque le gardien pop-rock intègre par la suite les New-York Arrows, la version indoor des Lancers. La NASL étant en perte de vitesse, les franchises américaines se concentrent sur la MISL (Major Indoor Soccer League) dans laquelle Shep Messing devient une  vraie star. Il y collectionne les honneurs (M.V.P 1979) et apparaît dans la liste de la MISL All-Star team (1979, 80 et 81). Les derniers grands moments de sa carrière (champion 1979, 80, 82 et 83) avant de devenir propriétaire à son tour d'une franchise (New-York Express) éphémère en 1986. Cette dernière joue seulement la moitié de la saison, en proie aux difficultés financières. Shep Messing se lance alors dans les affaires mais doit contrer un nouvel adversaire : la justice américaine qui l'accuse notamment de fraude immobilière. Un sale coup qui le laisse pratiquement sur la paille et le force à revenir dans le milieu du football. Il est depuis consultant T.V.

Shep et le Roi.

Shep et son ballon.

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