BIO EXPRESS DEGRADABLE. Günter Netzer.


Günter Netzer a tout du surfeur californien branché. Les cheveux longs et blonds et un groupe plutôt sympa qui est une vraie usine à tubes : Red Hot Chili Peppers. Voilà pour l'image et sa ressemblance à Anthony Kiedis, le leader du combo U.S hardcore-fusion. Malheureusement pour lui, Günter est Allemand, joue de la musique comme un pied (c'est pour ça qu'il fait du football d'ailleurs) et sa nation n'a rien de glamour même si Netzer a joué dans l'équipe allemande la plus sexy des 70's malgré un nom improbable : le Borussia Mönchengladbach. Dit comme ça, ça peut paraître un peu barbare mais attention aux apparences.

Tout commence donc au mitan des années 60 pour Günter le blondinet. Il fait ses débuts en Bundesliga en intégrant l'équipe première du Borussia M'Gladbach pour laquelle il a signé deux ans plus tôt. Gut. Dans la foulée, la même année, il obtient sa première sélection avec la Mannschaft en octobre 1965 contre l'Autriche. Sehr gut. Une ascension fulgurante pour un gamin de 21 ans à peine qui fait des merveilles dans son club, lequel rivalise avec le grand Bayern de Münich du Kaiser et ses troupes - Gerd Müller, Sepp Maier et tous les verbes en ER - une équipe du premier groupe dans la hiérarchie des clubs teutons en somme, qui se tire la bourre avec les romantiques du Bökelberg stadion. Au début des 70's, les deux équipes mènent une lutte acharnée pour la course au titre et aux honneurs du palmarès. Mönchengladbach, dirigé par l'entraîneur Hennes Weisweiler, rafle les premiers rounds en remportant deux titres consécutifs (1970 et 1971), un exploit jamais réalisé auparavant, mais le Bayern n'est pas KO pour autant, esquive les coup (francs) et contre-attaque les saisons suivantes. Entre-temps, Netzer est devenu un phénomène et une véritable star de la Bundesliga. - nommé footballeur allemand de l'année 1972 et 1973 - qui a éclipsé Wolfgang Overath de la sélection. Il prend notamment une grande part du gâteau à l'occasion de la victoire allemande à l'euro 72 (victoire face à l'URSS 3 à 0). Franz Beckenbauer commence à grincer des dents. Il voit en Netzer un concurrent sérieux au titre d'Empereur dans son pays et mijote sa vengeance. En bref, ça sent la Californication pour le leader du combo rhénan qui, sans se douter de rien, en profite pour ajouter une nouvelle ligne à son palmarès en remportant la coupe d'Allemagne (1973) devant le FC Cologne de Wolfgang Overath qui se dilate, après avoir inscrit le but décisif (2-1).

A Madrid, Günter fait la connaissance du chanteur du MC5. Cool.

A la fin de la saison, il splitte avec le Borussia et part au Real Madrid à la recherche de la gloire internationale, et une tournée des grands stades. Mais Beckenbauer et les Allemands en général digèrent mal cet exil doré. Si le grand blond avec des chaussures noires à crampons obtient fortune et consécration en Espagne où les Ibères se sont pas si rudes, il y glane deux titres de champions (1975 et 1976) et deux coupes du Roi (1974 et 1975), le Teuton moyen théorise sur le cas Netzer qui lui donne des maux de têtes. Pour éradiquer sa douleur, Beckenbauer joue sur l'effervescence qui s'empare de l'Allemagne à l'occasion de la coupe du Monde qu'elle organise, tel un médicament réparateur. L'ambiance au sein de la Mannschaft durant le WM 74 est pourrie comme jamais, minée par une lutte d'influence entre joueurs du Bayern et ceux du Borussia Mönchengladbach. Comme le sélectionneur Helmut Schön - qui porte pour le coup très mal son nom - n'ose prendre la moindre initiative sur le sujet, celui-ci écarte Günter Netzer d'une place de titulaire à son poste au profit de Wolfgang Overath, bien remis de sa dilatation et ce, sur ordre du Kaiser qui fait l'équipe pratiquement seul. " Il ne peut y avoir deux Empereurs en Allemagne, et bah ça sera moi et pas l'autre grand con " (Le Kaiser à mots cachés). Une pilule dur à avaler pour Günter qui, au passage, n'est pas un chien mais transformerait bien Beckenbauer en pâtée. L'humiliation survient d'ailleurs lors du duel fratricide entre la RFA et la RDA, où Netzer entre en jeu à une demi-heure de la fin du match qui se solde par une défaite pour la Mannschaft. C'est sa seule et unique apparition durant ce WM 74 et Günter est allé droit dans le mur. Triste pour un joueur de ce calibre qui aura du mal à renouer avec la sélection par la suite (dernier match contre la Grèce en 1975) et pour laquelle il ne totalise que 37 capes.

Après son exil espagnol, Günter Netzer termine sa carrière en Suisse aux Grasshoppers Zürich (de 1976 à 1978) où il ne gagne rien sur le plan sportif sinon du pognon et quelques aventures avec les sauterelles du coin. L'avantage d'avoir du fric, de belles bagnoles et d'être plutôt beau gosse pendant que le Kaiser, lui, se tape des boudins taille XXL au Cosmos New-York.

Günter et quelques sauterelles.




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